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« Pedofilie.be » fait l’apologie de la pédophilie – L’hébergeur suspend d’initiative le site

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L’histoire n’est pas banale. Cette semaine, un site belge au nom particulièrement explicite (pedofilie.be) a été mis en ligne et aussitôt suspendu par l’hébergeur. Pourtant, il n’y avait sur le site aucun matériel qui soit, stricto sensu, illégal. Amorce – avortée – de pédophiles prêts à transgresser la loi ? Coup de bluff de personnes…

L’histoire n’est pas banale. Cette semaine, un site belge au nom particulièrement explicite (pedofilie.be) a été mis en ligne et aussitôt suspendu par l’hébergeur. Pourtant, il n’y avait sur le site aucun matériel qui soit, stricto sensu, illégal. Amorce – avortée – de pédophiles prêts à transgresser la loi ? Coup de bluff de personnes à l’humour de mauvais goût ? Censure d’un hébergeur brimant la liberté d’expression ? On ne connaîtra jamais la réponse, mais la Belgique, toujours sous le choc de l’affaire Dutroux, a été secouée quelques heures.

Le site en question

Nous n’avons pas vu le site tant il a été fermé rapidement, mais tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il n’y avait aucune photo ni dessin représentant des activités sexuelles.

Le site voulait être une vitrine expliquant que la pédophilie ne serait pas la pratique répugnante que l’on croit. Les trois auteurs du site – qui jurent n’avoir jamais abusé d’enfants – disent qu’ils ont seulement voulu apporter un autre regard sur cette pratique. En d’autres termes, les promoteurs du site invoquaient leur droit d’exprimer, sans terme offensant ni incitation au crime, une opinion minoritaire dérangeante mais apparemment protégée par la liberté d’expression. Voulant prouver leurs bonnes intentions, les promoteurs ont agit à visage découvert : deux hollandais et un américain, identifiés. Dans un pays chauffé à blanc par l’affaire Dutroux, la démarche est pour le moins culottée … pour ne pas dire suicidaire.

Le communiqué de presse qui a accompagné le lancement du site était explicite sur le but poursuivi par cette initiative.

 

August 1, 2003 – On a website launched today called The Human Face of Pedophilia, three pedophiles have come out publicly to dispel the notion all people with pedophilic feelings are child rapists. The website can be accessed at www.pedofilie.be and includes photos and biographical details of the trio, as well as factual information about pedophilia and practical guidelines they believe could create a basis for the normalization of adult-child intimate relations.

Even though most pedophiles generally prefer to guard their identity at all costs, the trio believes the only way to combat ignorance, intolerance and misrepresentation by the media is to take direct action. Such action did take place to an extent in the ’70s, when pedophile activists were often closely allied with homosexual groups. Since the beginning of the ’80s, however, pedophile activists have been largely in retreat, as newly-emancipated homosexuals abandoned them and negative media sensationalism was not countered with rational debate.

The trio believes society fails to distinguish people who have pedophilic feelings from child rapists and society fears people who have pedophilic feelings, even though the pedophile’s attraction does not imply any kind of action. Because of their unique feelings, which are received, not chosen, they are perceived to be the bêtes noires of society, irregardless of how good their intentions are or how well they deal with their feelings. They believe in a society with a tolerant outlook to age-disparate relationships, pedophiles have the opportunity to get in touch with their feelings early and are therefor more capable of finding ways to express their sexuality in a positive, non-coercive manner.

 

L’attitude de l’hébergeur

L’hébergeur n’a fait ni une ni deux : il a immédiatement suspendu le site.

Pourtant, le site ne contenait pas la moindre représentation d’un mineur. Il n’y avait donc, stricto sensu, aucune infraction par rapport à la loi du 13 avril 1995 qui insère dans le Code pénal un article 383bis incriminant « la détention, en connaissance de cause, d’emblèmes, objets, films, photos, diapositives ou autres supports visuels représentants des positions ou des actes sexuels à caractère pornographiques impliquant ou représentant des mineurs de moins de seize ans [NDR : 18 ans depuis le 1er avril 2001] ».

Le site contenait néanmoins un forum, et l’hébergeur a craint que celui-ci soit utilisé par les promoteurs ou par d’autres pour échanger du matériel en infraction avec cette loi. Il a donc mis en avant son devoir de prudence et a suspendu le site.

Juridiquement, l’affaire est véritable cas d’école : outre qu’elle met en avant les limites de la loi, elle interpelle surtout sur le problème de la liberté d’expression et de l’abus de cette liberté. Un débat que l’on pensait quasiment réservé aux juristes américains mais qui atterrit brutalement chez nous.

La pédophilie n’est pas punie pour le seul exercice d’une expression minoritaire, à l’inverse par exemple de propos niant l’existence des chambres à gaz pendant la seconde guerre mondiale (l’exercice d’une opinion minoritaire sur ce point entraîne en effet une sanction pénale automatique en vertu d’une loi spécifique). Prendre la défense de la pédophilie ne devient une infraction que si l’exercice de cette opinion constitue un abus de la liberté d’expression. Cet exemple révèle la différence entre les contenus illicites et préjudiciables : les premiers sont illicites par nature, alors que les seconds, qui peuvent être très offensants, sont considérés comme un mal nécessaire dans une société démocratique, à condition que la manière dont cette opinion s’exprime ne dégénère pas en abus de la liberté d’expression. N’ayant pas vu le site, il est difficile d’en faire une analyse juridique, mais l’attitude de l’hébergeur – éminemment compréhensible d’un point de vue moral et commercial – pourrait, si les promoteurs du site intentent un recours, donner lieu à la première décision européenne sur ce point.

Droit & Technologies

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