La mauvaise blague de Cyril Hanouna coûte 3 millions à la chaine C8
Publié le 20/09/2017 par Etienne Wery
Le CSA a infligé une sanction de 3 millions d’euros à la chaîne C8, concernant l’émission Touche pas à mon poste du 18 mai dernier, au cours de laquelle Cyril Hanouna s’est moqué en direct des homosexuels après avoir passé une fausse annonce sur un site de rencontres.
Cette sanction s’ajoute à la décision de suspension de la publicité lors des émissions pendant trois semaines, prononcée en juin (contre laquelle il y a un reocurs).
Cette sanction fait suite à la séquence, du 18 mai dernier, au cours de laquelle Cyril Hanouna, l’animateur de l’émission « Touche pas à mon poste », s’est moqué en direct des homosexuels après avoir passé une fausse annonce sur un site de rencontres.
Ces personnes n’étaient pas informées de l’identité de leur interlocuteur et, croyant être dans le cadre d’une conversation privée, ont pour certaines d’entre elles dévoilé publiquement des informations relevant de leur vie intime et sexuelle.
3 millions, c’est cher, mais le CSA a pris en compte les éléments suivants :
- L’éditeur n’avait mis en place aucun procédé technique destiné à protéger l’identité et l’intimité des personnes contactées afin d’éviter qu’elles puissent être reconnues. Pas de petit différé pour pouvoir couper en cas d’urgence, pas d’instruction à l’animateur, pas d’incitation à respecter les personnes, etc. Ceci est considéré comme une violation de la convention qui impose à la chaîne de respecter « les droits de la personne relatifs à sa vie privée, son image, son honneur et sa réputation tels qu’ils sont définis par la loi et la jurisprudence ».
- L’animateur n’a eu aucune retenue : tout au long de la séquence, il a recours à des clichés visant les personnes homosexuelles. Il tombe dans la caricature. Cela a pour conséquence de stigmatiser un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle, ce qui est une autre violation de la convention de la chaîne aux termes desquelles l’éditeur doit veiller « à promouvoir les valeurs d’intégration et de solidarité qui sont celles de la République et à lutter contre les discriminations ».
- Le CSA a reçu près de 47 000 plaintes concernant ce programme.
- L’émission elle-même est visée. Depuis 2015, le CSA a traité 16 dossiers dont 12 ont conclu à des violations. Il a prononcé 3 mises en garde et 2 mises en demeure, outre des courriers d’observation, mais la chaine semble laisser son animateur en roue libre.
En vertu de l’article 42-2 de la loi du 30 septembre 1986, le CSA a considéré que la gravité des faits relevés à l’occasion de cette séquence litigieuse justifie que soit prononcée la sanction pécuniaire de 3 millions d’euros.
Plus d’infos en lisant la décision, en annexe.