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L’industrie du disque n’est pas au bout de ses peines …

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L’industrie n’est pas au bout de ses peines dans la bataille engagée pour éliminer de l’internet la musique illicite. Tant dans les affaires Napster que DeCSS, elle se heurte à l’essence même du réseau lorsqu’il fut imaginé dans les années ’60 par les militaires : faire passer l’information à tout prix, quelles que soient les…

L’industrie n’est pas au bout de ses peines dans la bataille engagée pour éliminer de l’internet la musique illicite. Tant dans les affaires Napster que DeCSS, elle se heurte à l’essence même du réseau lorsqu’il fut imaginé dans les années ’60 par les militaires : faire passer l’information à tout prix, quelles que soient les barrières que l’on tente d’y mettre.

Arrêt Napster : une difficile mise en oeuvre

On sait que Napster a été recondamnée en appel, conformément à un arrêt disponible sur ce site.

L’ordonnance qui prononce les mesures d’interdiction précise que c’est à l’industrie du disque à fournir la liste des titres protégés qui doivent être filtrés et ôtés du système d’échange.

En théorie c’est facile, et c’est au demeurant une logique similaire qui a inspiré l’arrêt récent de la cour d’appel de Bruxelles dans l’affaire Skynet.

En pratique, c’est autre chose …

La RIAA, qui représente les plus grosses maisons de disque, a communiqué
une liste de près de 150.000 chansons dont elle affirme que les droits
sont protégés.

Napster a protesté contre le fait que la liste n’était pas accompagnée d’un exemplaire de chaque chanson sous forme de fichier informatique comme l’ordonnance du juge semble le prévoir. En effet, selon Napster, il est impossible de filtrer les titres en fonction de leur nom puisque les utilisateurs nomment eux-mêmes le fichier, le titre de la chanson, le nom de l’artiste ou le numéro de la plage musicale. Rien n’empêche un amateur du groupe « Queen » de nommer son fichier « King », auquel cas le filtrage sur « Queen » sera totalement inopérant pour ce fichier.

Et les programmateurs et afficionados de Napster s’en donnent à coeur joie : depuis 15 jours, le web voit fleurir des programmes qui
brouillent les pistes en codant les titres des chansons, empêchant ainsi le serveur central de les reconnaître. Napster vient d’ailleurs de faire appel à une société spécialisée pour l’aider dans ce casse-tête.

Protection des CDs : le CSS « cracké » par des ados

On sait que les CD sont protégés par le célèbre algorithme CSS, abréviation de Content Scrambling System (CSS), basé sur la cryptographie, dont la fonction principale est d’empêcher que les DVD soient copiés ou qu’ils soient joués sur des appareils de lecture non autorisés.

Fin novembre 1999, des internautes norvégiens ont réussi à décrypter le mécanisme Grâce au DeCSS, abréviation de Decode Content Scrambling System.

Depuis lors, c’est une véritale course poursuite qui a été engagée : l’industrie a fait interdire la diffusion du DeCSS, puis elle a voulu la fermeture des sites qui reproduisaient le DeCSS ou pointaient vers d’autres sites le reproduisant. Elle a généralement été victorieuse dans ces tentatives, si ce n’est qu’entre-temps le DeCSS s’est largement répandu et que c’est aujourd’hui un jeu d’enfant de « se le procurer« .

Voilà à présent que le CSS est également créacké par un nouveau programme apparu il y a quinze jours et baptisé « qrpff« , qui a été écrit en langage Perl par des étudiants du MIT et tient en 526 octets !

L’émulation aidant, d’autres ont écrit un programme similaire, disponible depuis le 13 mars et baptisé « efdtt« , qui a été écrit en langage C et qui tient en 442 octets !

Les forums de discussion spécialisés fourmillent à présent de « défis » que s elancent les ados du monde entiers pour simplifier encore le programme et le faire tenir en quelques octets à peine, de quoi en assurer la diffusion aussi rapide qu’incontrôlable.

Qu’en penser ?

Que penser de ce qui précède ?

Autour d’un verre avec des amis, la situation paraît plus drôle qu’autre chose, sauf si l’on a des intérêts dans l’industrie du disque.

D’un point de vue juridique, la réponse est plus nuancée. Il faut en effet admettre que mis à part certains procès aussi inutiles que retentissants probablement intentés pour des motifs d’ordre stratégique, la position de l’industrie est souvent fondée, et même nécessaire : tuer la création par la contrefaçon à grande échelle ne sert personne.

A nouveau, il faut constater – et regretter – les limites du droit de la propriété intellectuelle lorsqu’il s’applique à un réseau aussi insaisissable et instantané que l’internet. La solution n’est probablement pas dans la nouvelle directive sur les droits d’auteur dans la société de l’information, qui, dans sa majeure partie, reprend faute de mieux des principes éculés. La solution passe plutôt par une véritable réflexion de fond sur les fondements même de ce droit vieux de plus d’un siècle, et par la formulation de nouvelles règles, notamment en matière de rémunération équitable. Mais cela, c’est du ressort de la politique …

Plus d’infos ?

  • En faisant une recherche sur DeCSS;

  • En faisant une recherche sur Napster;

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