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Les paiements électroniques seront-ils au centre de la prochaine crise bancaire ?

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Les cartes de crédit ont fait les beaux jours de l’industrie du paiement électronique. Aujourd’hui, le succès est tel que par un phénomène de ricochet de la crise financière mondiale, ce succès risque de mettre en difficulté toute cette industrie. L’encours total gonfle, le risque d’impayé augmente encore plus vite, et la santé financière des émetteurs pourrait s’en trouver mencée.

L’essor des cartes-plastique de paiement 

Au cours des vingt ou trente dernières années, notre portefeuille a bien changé ! Aujourd’hui, il ressemble plus à un catalogue de cartes en plastique qu’au porte-billets du temps jadis. Il n’est plus possible d’imaginer un monde sans ce que certains appellent la « monnaie plastique ». Il y avait en France, en 2001, 4,5 millions de cartes CB nationales et 38,8 millions de cartes CB internationales, ce qui représente une émission de carte toutes les 3 secondes. La Belgique totalisait, pour la même année, 3.670.000 cartes de garantie Eurochèque, 9.000.000 de cartes Bancontact/MisterCash, 2.809.000 cartes de crédit et 8.543.000 cartes Proton.

L’offre suit une courbe ascendante vertigineuse, dont la pente a encore subi un sérieux coup d’accélération suite au développement des cartes de fidélité. L’exemple de la grande distribution est frappant. Tout ce qui peut fidéliser le client est mis en œuvre : de l’élargissement de la gamme  aux services annexes, en passant par la mise au point de cartes de fidélité qui servent dorénavant au paiement. 

Les cartes de débit et les cartes de crédit 

La carte de débit. Lorsque le titulaire utilise sa carte de débit, il génère l’envoi d’une demande d’autorisation de paiement au gestionnaire de réseau (et, dans certains cas, il peut vérifier en ligne le solde du compte relié à la carte). Après vérification de la validité de la carte et du solde disponible, le gestionnaire de réseau autorise ou non l’opération. La réponse est notifiée au commerçant et au titulaire (généralement un message « opération acceptée » ou « opération refusée » apparaît, selon le cas). 

Le débit a lieu quasiment en temps réel, à telle enseigne que le titulaire de la carte qui rentre chez lui et consulte son compte à distance verra, dans les minutes qui suivent son achat, la trace de l’opération. L’opération se rapproche très fort du virement, la rapidité en plus. 

La carte de crédit permet de payer tout en échelonnant les remboursements dans le temps. Il y a différents niveaux de crédit possibles, en fonction de l’offre commerciale (le taux peut varier ou être fixe, les mensualités sont tantôt constantes tantôt variables, etc.) et de la loi applicable. 

La plupart du temps, le système fonctionne comme suit : je reçois une carte de la part de l’émetteur (une chaine de magasin ou une banque, p.e.). Je paye mes achats avec la carte. Le total du montant dépensé constitue l’encours. Chaque mois je ne rembourse qu’une petite partie de l’encours : par exemple, si l’encours est 2.500 € d’achats effectués, je ne rembourse que 200 € par mois. L’émetteur perçoit un intérêt pour ce prêt. 

La carte à débit différé, souvent assimilée à tort à une carte de crédit, y ressemble à s’y méprendre, à cette différence près que tous les achats effectués doivent être payés en une seule fois, à la fin de la période (généralement un mois dans les pays européens). Plutôt qu’un crédit, il s’agit ici d’un débit différé. Il n’y a en principe pas d’intérêt perçu. 

Le risque actuel lié aux cartes de crédit 

Avec la crise, de plus en plus de personnes utilisent leur carte de crédit pour payer des dépenses qu’ils payaient avant avec une carte de débit, ou en cash. Comme elles savent que la transaction sera refusée en débit direct (le compte n’est pas suffisamment) et qu’elles n’ont plus moyen de retirer du cash au distributeur, elles utilisent la carte de crédit. 

On assiste même, surtout aux Etats-Unis et dans des pays européens très touchés par la crise, à un nouveau phénomène : les entreprises utilisent la carte de crédit de la société pour payer des dépenses courantes comme les fournitures. 

Le hic ? Ce crédit est souvent cher, très cher même. Il n’est pas rare de voir le marché réclamer entre 10 et 20% d’intérêts. 

En d’autres termes, s’en servir pour couvrir une dépense immédiate parce que l’on est « à court », revient seulement à repousser le problème (il faudra bien payer un jour), tout en l’aggravant (un intérêt élevé s’ajoute au principal). 

Rien qu’aux USA, il y aurait aujourd’hui pour 5.000 milliards de dollars d’encours total. Quand on sait que le total des prêts hypothécaires de l’ensemble des USA fait 10.000 milliards de dollars, et que la monnaie « cash » en circulation y est de 1.000 milliards de dollars, on mesure l‘importance du phénomène. 

Or, et c’est là que cela devient inquiétant, tous les voyants sont à l’orange foncé : les personnes et entreprises qui utilisent leur carte de crédit pour payer leurs dépenses courantes sont au bord de la saturation. Le risque d’impayé est donc énorme pour les émetteurs. 

Un chiffre est même avancé : les émetteurs dénonceraient pour 2.700 milliards de dollars de crédit d’ici fin 2010. Et comme les chances de récupérer les impayés sont faibles, autant dire que ces émetteurs devront passer au bleu l’ardoise. Bigre ! La situation est tellement alarmante que le président américain a constitué en urgence une Task Force chargée d’anticiper ce problème.

Droit & Technologies

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