L’Allemagne défend les e-employés et pourrait rouvrir le dossier
Publié le 18/10/2000 par Etienne Wery
L’Allemagne a semble-t-il décidé de « mettre le paquet » en matière de défense des droits et libertés individuelles – au rang desquelles figure naturellement le droit à la vie privée – dans la société de l’information. Les droits du e-employé allemand Cette semaine, le ministre du Travail a confirmé qu’il mettait au point une loi créant…
L’Allemagne a semble-t-il décidé de « mettre le paquet » en matière de défense des droits et libertés individuelles – au rang desquelles figure naturellement le droit à la vie privée – dans la société de l’information.
Les droits du e-employé allemand
Cette semaine, le ministre du Travail a confirmé qu’il mettait au point une loi créant un régime juridique relatif à l’utilisation par l’employé des ressources informatiques de l’employeur. Le projet irait dans un sens très différent de la loi anglaise (voir notre actualité du 9 octobre 2000), puisque l’employé allemand verrait son droit à la vie privée confirmé sous réserve des cas d’abus (notion qu’il faudra évidemment préciser soigneusement).
Le dossier Echelon sur la voie pénale ?
La presse électronique se fait l’écho de rumeurs persistantes selon lesquelles Ilka Schraver, députée européenne sur la liste du Parti Vert, aurait déposé une plainte pénale en Allemagne. La plainte est déposée contre X … et contre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Ce sont donc tous les pays qui ont mis sur pied le réseau Echelon qui sont visés.
Pour rappel, Echelon est un réseau d’écoute international créé au temps de la guerre froide par les USA et le Royaume-Uni : grâce à ses antennes réparties dans le monde entier, il capte toutes les communications échangées, les trie sur base de mots-clef (drogue, assassinat, etc.), et les renvoie à la National Security Agency (NSA) américaine.
A la fin de la guerre froide, le réseau aurait du être démantelé mais il a été maintenu avec d’autres objectifs : pratiquer de l’espionnage industriel et politique contre un peu tout le monde, y compris entre alliés.
Voila donc (notamment) le Royaume-Uni pris en flagrant délit d’espionnage industriel contre ses partenaires dans l’Union Européenne ! Ca ne fait pas joli-joli et le Parlement européen s’est emparé du dossier l’an passé. Au départ, il était question d’un Commission d’enquête internationale, voire de plainte au tribunal international. Finalement, la montagne a accouché d’un souris : il a été demandé aux pays qui ont créé et mis en oeuvre Echelon de fournir plus d’informations et de promettre de ne plus recommencer. A l’époque, plusieurs voix ont crié au scandale et ont dénoncé les pressions exercées par plusieurs pays en raison de l’ultra-sensibilité du dossier.
L’avenir dira si la plainte pénale permettra d’y voir plus clair. Il faut en tout cas souhaiter beaucoup de courage au juge d’instruction qui devra accomplir des commisisons rogatoires aussi sensibles en pays « ennemi ».