La guerre des formats pour les DVD haute définition est relancée
Publié le 28/08/2007 par Etienne Wery
La récente décision des sociétés PARAMOUNT et de DREAMWORKS de commercialiser leurs DVD haute définition uniquement en format HD-DVD, relance la guerre opposant ce format au BLU-RAY de SONY. Ces sociétés vont en effet renoncer à commercialiser leurs ouvres sur un support gravé au standard BLU-RAY et ne proposeront que l’HD-DVD.
Cette décision des studios US relance la guerre entre les frères ennemis japonais. HD-DVD est une norme conçue par TOSHIBA et NEC, là où BLU-RAY est un standard mis au point par SONY avec le soutien de MATSUSHITA et SHARP.
Ce genre de guerre des standards n’est ni nouvelle ni spécifique aux DVD.
Elle rappelle évidemment la guerre qui a secoué l’industrie dans les années ‘70 et ‘80 entre les tenants du VHS et du BETAMAX. VHS l’a finalement emporté, au détriment de BETAMAX développé déjà par SONY.
La pression a pourtant été grande sur les concepteurs pour mettre au point une norme unique. Malheureusement, après des mois, si pas des années, de discussions, cet espoir s’est évanoui.
Quelle est exactement la différence entre HD-DVD et BLU-RAY ?
Vu de l’extérieur, mis à part les mentions et les marques, les deux se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
Pourtant, à l’intérieur, tout est différent. Un HD-DVD simple peut stocker 15 GO, voire 30 GO pour un HD-DVD double couche, et on annonce dans le futur proche 50 GO pour un DVD triple couche. On est donc loin du format BLU-RAY de SONY qui affiche d’entrée de jeu 25 GO de capacité de stockage pour un simple couche, et 50 GO pour un double couche d’ores et déjà disponible.
50 GO, cela représente environ 4h de vidéo en haute définition.
Pourquoi dès lors privilégier un format dans lequel la capacité de stockage est moindre ? Tout simplement parce qu’un DVD à la norme HD-DVD est moins cher à fabriquer. En effet, il peut être fabriqué sur l’échelle de montage des DVD actuels, ce qui n’est pas le cas de BLU-RAY.
Cela se traduit par un prix facturé au consommateur final qui est supérieur pour les films en BLU-RAY. Les défendeurs de cette norme affirment toutefois que cette différence s’est fortement réduite ces derniers temps, et que l’avantage financier n’est plus réellement déterminant.
Le consommateur, parlons-en ! Car ce qui lui importe, c’est de regarder l’œuvre sur son lecteur.
Un esprit logique déduirait évidemment que le plus simple consiste à faire coexister les deux technologies sur un même appareil, ce qui est du reste faisable, mais il est douteux que la logique industrielle suive.
C’est que derrière cette guerre s’en profile d’autres. On songe par exemple au juteux marché des consoles de jeu. On ne s’étonnera donc pas que la PLAYSTATION 3, commercialisé par SONY, lise les DVD BLU-RAY exclusivement, là où la X-BOX de MICROSOFT accepte le HD-DVD… Nintendo est en embuscade depuis le succès fulgurant de la Wii.
Qui donc arbitrera cette guerre ?
Il est douteux qu’un fabricant puisse emporter la victoire seul ; tout comme il est douteux que le consommateur joue un rôle d‘arbitre.
Il y a fort à parier qu’outre les juristes dans les prétoires le rôle d’arbitre revienne aux détenteurs de droits, c’est-à-dire essentiellement à l’industrie cinématographique.
Nous évoquions ci-dessus le précédent du VHS et du BETAMAX. Déjà à l’époque, c’était l’industrie pornographique qui avait donné l’estocade au BETAMAX. Cela explique que les fabricants fassent les yeux doux à cette industrie particulière dont le catalogue est tel qu’elle peut faire pencher la balance.
Quant aux autres éditeurs, ils se partagent.
SONY PICTURE ENTERTAINMENT, filiale de SONY, a logiquement choisi le format conçu par sa maison mère SONY, qui a également réussi à convaincre DISNEY et la TWENTIETH CENTURY FOX. Le HD-DVD est par contre privilégié par UNIVERSAL et vient de recevoir le soutien de PARAMOUNT et de DREAMWORKS. MGM, pour sa part, hésite encore, tout comme WARNER HOME VIDEO.
Les décisions sont donc souvent prises en fonction de l’attitude adoptée par le concurrent, mais également en fonction d’une crainte, fondée ou non, tenant au fait que SONY est le père de la norme BLU-RAY, et que l’on sait le peu d’empressement du japonais à partager ses technologies. Cela pourrait signifier une mainmise de SONY sur l’ensemble de la production mondiale, ce que plusieurs observateurs redoutent, montrant du doigt la direction de MICROSOFT dont on s’est insuffisamment méfié lorsqu’il a proposé le MS-DOS, WINDOWS et ses suites de logiciels OFFICE avec le résultat que l’on sait aujourd’hui …
De quoi voir d’un autre œil les stratégies de SONY dans le rachat des maisons cinématographiques ?