Intel fait des vagues chez les défenseurs de la vie privée

Publié le 22/02/1999 par Etienne Wery

Comme tous les 6 mois, Intel annonce la sortie de son nouveau microprocesseur. Après le Pentium et le Pentium II, voici le Pentium III qui sera lancé à la fin du mois de février. D’un point de vue technique, les nouveaux ordinateurs seront d’entrée de jeu cadencés à 450-500 Mhz, ce qui augmentera leur rapidité.…

Comme tous les 6 mois, Intel annonce la sortie de son nouveau microprocesseur. Après le Pentium et le Pentium II, voici le Pentium III qui sera lancé à la fin du mois de février.

D’un point de vue technique, les nouveaux ordinateurs seront d’entrée de jeu cadencés à 450-500 Mhz, ce qui augmentera leur rapidité. Plusieurs fonctions multimédia ont été intégrées, qui devraient améliorer les performances du traitement du son et de l’image.

Le commerce électronique n’a pas été oublié puisque les microprocesseurs Pentium III seront équipés d’un numéro de série qui permettra l’identification et la sécurisation des transactions commerciales sur le net. Intel explique dans sa page spéciale tous les avantages de ce système qui procurera tant à l’internaute qu’au marchand virtuel une transaction plus sûre.

L’idée est certes séduisante, mais elle pose beaucoup de questions au niveau de la protection de la vie privée puisque ce numéro permettra véritablement de suivre à la trace le surfeur tout au long de ses pérénigrations sur le web. Une sorte de « super cookie ».

Des lobbies se sont mis en place, notamment sous l’impulsion de l’EFF, de l’EPIC et de l’ACLU. Une journée mondiale de protestation a été organisée avec boycott des produits Intel et marches silencieuses. Même la Federal trade Commission américaine a été saisie du dossier. Les opposants ont adopté comme signe de ralliement le slogan « Big Brother Inside », clin d’oeil à la publicité « Intel Inside » et ont ouvert une page spéciale.

Devant la marée de protestation, Intel a annoncé qu’elle allait développer un logiciel permettant de désactiver la fonction d’identification automatiquement au lancement de l’ordinateur. Cette fonction resterait toutefois intégrée à la puce et pourrait être activée si le programme lui en donne l’ordre. En outre, les microprocesseurs seraient configurés par défaut pour permettre l’identification.

« Pas assez ! » clament les défenseurs de la vie privée :

• Ce programme prendra des mois avant d’être au point;

• L’installation du programme devra être faite par les revendeurs d’ordinateur ou par l’utilisateur, ce qui est utopique;

• De nombreux sites, notamment de commerce électronique, obligeront la réactivation avant de permettre l’entrée. A la longue, l’identification sera toujours activée;

• A partir du moment où c’est un logiciel qui paralyse l’identification, un autre logiciel pourrait la réactiver … à l’insu de l’internaute même.

Ceci aura peut-être pour conséquence que la Commission Européenne définira enfin ce qu’elle entend par « niveau adéquat » de protection dans les flux transfrontaliers de données personnelles, prenant ainsi ses responsabilités dans un conflit qui empoisonne le web depuis des mois. Nous vous renvoyons à cet égard à nos anciennes actualités, dont

• Confidentialité sur Internet: conflit Europe/USA,
• Commerce électronique : bilan mitigé de la conférence d’Ottawa,
• L’Europe offre 2 mois de sursis aux USA.

Par ailleurs, nous vous renvoyons à l’excellent article de Jean-Marc Dinant sur les traitements invisibles sur Internet.

Le lancement de pentium III est prévu pour le 28 février : plus que 6 fois dormir …

Plus d’infos sur ce sujet et des liens sur la page spéciale dont question ci-dessus.