Gnutella, Napster et cie : les outils de réseaux défient le droit
Publié le 14/06/2000 par Etienne Wery
La révolution a commencé avec l’apparition du format de compression MP3, qui permet de compresser les fichiers sonores … et donc d’augmenter leur vitesse de téléchargement et leur fluidité. Ce n’est pas l’apparition en 1999 du logiciel Napster, et aujourd’hui le développement du réseau Gnutella, qui va calmer les choses. Napster Depuis l’été 1999, le logiciel Napster…
La révolution a commencé avec l’apparition du format de compression MP3, qui permet de compresser les fichiers sonores … et donc d’augmenter leur vitesse de téléchargement et leur fluidité. Ce n’est pas l’apparition en 1999 du logiciel Napster, et aujourd’hui le développement du réseau Gnutella, qui va calmer les choses.
Napster
Depuis l’été 1999, le logiciel Napster permet l’échange automatique et gratuit de fichiers MP3. En gros, si j’installe Napster sur ma machine, je peux « commander » un titre de chanson et le logiciel fait le reste : il cherche un serveur sur lequel le titre est répertorié, qui va indiquer à ma machine l’endroit où le trouver. Les deux ordinateurs se mettent ensuite en rapport pour téléchargement. Il est également possible d’autoriser l’opération inverse : le serveur est autorisé à voir sur ma machine les titres que je détiens en format MP3, et rapatrie chez lui ce catalogue qu’il tient ensuite à disposition de ceux qui cherchent ces titres. Petit à petit, c’est donc une base de données quasi infinie qui s’élabore et se distribue.
Grâce à un petit logiciel annexe, des fichiers non sonores (image, texte, vidéo, programme …) peuvent être « encapsulés » dans un fichier MP3 et suivre le même chemin.
Gnutella
Le point faible de Napster reste la nécessité des serveurs qui jouent le rôle d’aiguilleurs et de banque de données. Cette contrainte appartient désormais au passé avec l’apparition du réseau Gnutella :
When the World Wide Web started, (…) it used to be that I would put up a web page, you would link to it, and I would link to yours. To get around, we would all « surf the links ». The web was a web.
But shortly after, the likes of Yahoo! and Lycos came on the scene to build search engines, or information portals. You go to one place to find all the information. Ideally that would be true. The problem with portals? They stuff you with ads. They are outdated. They basically control the flow of information.
Now, however, Gnutella puts the personal interaction back into the Internet. When you run a Gnutella software and connect to the Gnutella Network, you bring with you the information you wanted to make public. That could be nothing, it could be one file, a directory, or your entire hard drive (I wouldn’t recommend this option).
The power behind this is amazing. That data which you have bothered to keep on your hard disk is what you found to be valuable. So when you share it you are sharing what is most valuable on the entire Internet. And you control its sharing. Decide to stop sharing? Go ahead and take those files offline. Want to share more? Select more files and share them. It’s really that easy, and the power of sharing information is just unquantifiable.
Gnutella client software is basically a mini search engine and file serving system in one. When you search for something on the Gnutella Network, that search is transmitted to everyone in your Gnutella Network « horizon ». If anyone had anything matching your search, he’ll tell you.
Bref, avec Gnutella, chacun décide des fichiers qu’il souhaite partager (fichiers sonores bien sur, mais aussi n’importe quels fichiers présents sur une machine), et les met à disposition des autres. Lorsqu’une personne cherche un fichier, sa requête est transmise à toutes les machines branchées sur Gnutella, et un dialogue se crée entre elles jusqu’à ce que le fichier aboutisse à la machine d’où émane la requête.
Une sorte de Napster à la puissance 10. L’essence même de l’Internet enfin retrouvée : la décentralisation totale de la gestion des fichiers et des machines, rendant ainsi son contrôle plus qu’alétoire.
Les implications juridiques
Inutile de préciser que les sociétés de gestion d’oeuvres n’apprécient guère ces outils qui facilitent un peu plus encore l’échange de fichiers MP3, dont la plupart, à en croire les détracteurs du système, sont des copies pirates.
C’est ainsi que l’Association américaine de l’industrie de l’enregistrement (RIAA) et l’Association nationale des éditeurs de musique (NMPA) ont déposé une première plainte dès 1999, puis une seconde en juin 2000. Leur but : interdire purement et simplement l’utilisation de Napster. Le tribunal a déjà estimé que Napster n’était pas qu’un simple fournisseur de service dont la responsabilité est atténuée par le droit américain, mais bel et bien l’éditeur d’un logiciel qui pourrait être considéré comme illicite : la plainte est donc recevable. Sur le fond, les débats n’ont pas encore pris de tournure définitive, Napster arguant bien entendu du précédent que constitue le cas Rio (voir notre actualité du <a href="https://www.droit-technologie.org//actuality/?actu_id=187&month=6&year=1999&query_string=rio
» target= » »>21/6/99), dans lequel le tribunal avait autorisé la commercialisation d’un baladeur permettant la lecture de fichiers MP3.
Une tentative judiciaire d’arrêt de Gnutella ne devrait pas tarder.
A nouveau, ce qui pose problème c’est l’inadéquation dès règles habituelles de la propriété intellectuelle, qui sont bouleversées par la décentralisation et la délocalisation totales, ainsi que par la facilité de reproduction des fichiers. Bouleversées mais pas paralysées. Pour l’instant, les principes habituels tiennent le coup vaille que vaille : les contrefaçons sont punies, lorque le plaignant se donne la peine de retrouver le contrefacteur et de le poursuivre. Cette bataille paraît parfois suréaliste : elle donne l’impression de sociétés d’auteurs courant en permanence après la technique, luttant contre elle avec des armes d’un autre temps.
Le barrage qu’est le droit de la propriété intellectuelle telle que nous le connaissons aujourd’hui tient le coup, mais pour combien de temps encore ? Lorsqu’il cédera, il faudra des années avant de colmater les brèches avec de nouveaux principes adaptés à l’environnement des réseaux. Pourquoi ne pas commencer tout de suite la réflexion, qui doit, faut-il le préciser, être négociée au niveau international ?